SIM 15(2)
Systèmes d’information et Management, Vol. 15, No 2
éditée par les Editions ESKA
avec le soutien de l’AIM
articles de recherche
Entre acquiescence et manipulation : réponses des gestionnaires de projet de SI aux pratiques institutionnalisées
Muriel MIGNERAT & Suzanne RIVARD
Certaines pratiques de gestion de projet de systèmes d’information (SI) ont acquis un caractère institutionnel et sont considérées comme des normes. Alors que la théorie institutionnelle stipule que les acteurs ’ à la recherche de légitimité ’ adoptent passivement les pratiques institutionnalisées, certains auteurs proposent qu’il existe une vaste gamme de réponses aux pressions institutionnelles, allant de l’acquiescement à la manipulation, en passant par le compromis, l’évitement et la provocation. Cette étude s’est interrogée sur les réponses des gestionnaires de projet SI aux pratiques institutionnalisées. Sont-ils des acteurs institutionnels qui adoptent et suivent automatiquement les normes sociales, sans réflexion ou les mettent-ils en application de façon attentive? Ou encore adoptent-ils des stratégies d’évitement ? Pour répondre à ces questions, nous avons adopté une approche multi-méthodes : une enquête sur le terrain au cours de laquelle nous avons interviewé 46 gestionnaires de projet SI et deux études de cas. Au plan empirique, l’étude révèle comment les gestionnaires de projet SI peuvent appréhender l’ensemble des pratiques de gestion de projet qui leur sont présentées comme des normes. Au plan théorique elle enrichit le cadre de stratégies de réponses proposé dans la littérature en développant l’explication de certaines stratégies et en les contrastant avec la notion de mindfulness. Au plan pratique, les résultats de l’étude aideront les organisations à comprendre comment les gestionnaires de projet de SI peuvent réagir aux pratiques de gestion de projet institutionnalisées. L’originalité de notre approche réside dans l’opérationnalisation du cadre conceptuel proposé par Oliver (1991) à un contexte de SI.
Apprentissage interorganisationnel et supply chain management : évolution des modèles classiques de gestion des connaissances.
Karine EVRARD SAMUEL
Cet article propose un cadre conceptuel à la notion d’apprentissage interorganisationnel et s’intéresse tout particulièrement à sa mise en ’uvre dans le cadre des chaînes logistiques globales (ou supply chains). A partir d’une étude de cas monographique, l’auteur décrit les phases du processus d’apprentissage qui se concrétise entre deux entreprises qui entretiennent une relation partenariale de type client-fournisseur. Cette étude empirique confirme l’existence du processus d’apprentissage à une échelle interorganisationnelle mais révèle aussi plusieurs conditions de réussite attachées à sa réalisation. La recherche montre la réalité d’un concept novateur qui combine les phénomènes d’apprentissage aux pratiques récentes de gestion des connaissances, en particulier à travers l’usage des technologies de l’information. Elle permet également de positionner la connaissance comme un enjeu stratégique du supply chain management car elle montre que l’échange d’informations qui sous-tend la gestion des flux externes peut évoluer vers un socle de connaissances partagées entre plusieurs entreprises qui interagissent. Cet article dégage des pistes de réflexion dans un domaine qui offre un potentiel de recherche important et amène des perspectives d’amélioration significative du fonctionnement et de la performance des chaînes logistiques grâce à une meilleure compréhension des mécanismes de coordination entre les différents maillons.
Comprendre les motivations des développeurs de l’open source à partir de leur participation
Régis MEISSONIER, Isabelle BOURDON, Emmanuel HOUZE, Serge AMABILE & Stéphane BOUDRANDI
Une large part de la littérature sur les projets open source s’est concentrée sur les motivations permettant de prédire le niveau de participation des membres. Toutefois, ces facteurs incitatifs ne garantissent pas pour autant une participation durable. En effet, la plupart des participants se retirent dès que leurs besoins personnels sont satisfaits, si bien que beaucoup de projets sont arrêtés ou abandonnés faute d’avoir su conserver un nombre suffisant de participants actifs. Ce faisant, la question de recherche pourrait être inversée afin d’appréhender dans quelles mesures la participation effective aux projets open source permet aux membres de donner sens à leurs propres motivations ? L’objectif de cet article est de traiter cette question sous un angle énactiviste en considérant que les motivations ne sont pas des préalables à l’action mais se forment dans et par cette dernière (ici la participation). La partie empirique présente les résultats d’une enquête quantitative conduite, sur SourceForge, auprès de 93 membres de projets de logiciels libres destinés aux entreprises. Les résultats révèlent, en particulier, que la réputation, la réciprocité ainsi que les recherches d’opportunités professionnelles sont les variables les plus expliquées par le niveau de participation. En revanche, les motivations concernant l’apprentissage et l’idéologie du logiciel libre ne sont que faiblement déterminées, ce qui vient contre-balancer les résultats des études qui avaient pourtant évalué un fort pouvoir prédictif de ces deux variables sur le niveau de participation escompté. Ceci tend à montrer que la participation semble surtout donner du corps à des motivations pour lesquelles le participant dispose d’indicateurs pratiques quant à leur satisfaction.
cas, expériences & pédagogie
Systèmes de Gestion des Connaissances pour la chaîne logistique intra-organisationnelle, Cas de la société BONFIGIOLI
Cécile GAUMAND, Alain CHAPDANIEL & Aurélie DUDEZERT
L’optimisation de la chaîne logistique est devenue un des enjeux majeurs des entreprises ces dernières années. La Gestion des Connaissances peut être une des voies d’amélioration de la performance de la chaîne logistique. En tenant compte des spécificités des connaissances et de leur gestion dans la chaîne logistique, et en s’appuyant sur une recherche-intervention au sein du service logistique de Bonfiglioli Transmission, cet article propose un cadre de conception des Systèmes de Gestion des Connaissances pour la chaîne logistique intra-organisationnelle. Il met en évidence que dans ce contexte les Technologies de l’Information (TI) sont moins mobilisées en tant qu’outils de gestion des connaissances qu’en tant qu’outils de transformation des schémas cognitifs. Les TI jouent le rôle d’artefacts permettant de créer des interactions entre individus pour créer, stocker, partager et utiliser les connaissances organisationnelles.