SIM 17(1)

Systèmes d’information et Management, Vol. 17, No 1
éditée par les Editions ESKA
avec le soutien de l’AIM

www.revuesim.org

Articles de recherche

Analyse des systèmes d’interactions à l’’uvre au sein d’un projet TI : mise en évidence d’une perspective dynamique et relationnelle
Olivier Meier, Audrey Missonier & Stéphanie Missonier

Notre recherche vise à approfondir la compréhension de l’issue des projets TI (échec ou réussite) par une prise en compte du rôle actif des objets (la technologie, notamment) et de leurs interactions avec les humains formant le projet. Face à cet enjeu, cet article souhaite poser une première pierre en répondant aux deux questions suivantes : Comment observer les interactions entre acteurs et technologie dans une perspective ontologique relationnelle au sein d’un projet TI donné, en accord avec les principes de l’ANT ? Dans quelle mesure cette nouvelle grille de lecture permet d’expliquer les résultats obtenus ? Le projet donné est un projet TI d’industrialisation d’une technologie (le Pupitre Virtuel) qui s’est soldé par un échec (l’abandon du projet). Ainsi, pour répondre à ces questions, nous proposons une méthode de visualisation du projet à partir d’une analyse réticulaire fondée sur la théorie de l’acteur-réseau (ANT). Cette méthode d’observation des projets TI est appliquée à l’étude longitudinale et en temps réel du projet Pupitre Virtuel. Cette recherche présente deux contributions. La première, d’ordre théorique, dévoile un mode d’opérationnalisation de l’ANT visant à améliorer la lecture et la compréhension de l’issue des projets TI, et permet en partie, de répondre aux limites de son opérationnalisation dans sa dimension ontologique. Le modèle développé rend compte des interactions dynamiques entre les entités du projet et permet ainsi de comprendre l’évolution du réseau selon un continuum convergent/divergent. Il montre alors la nécessité de renoncer aux chaînes linéaires de relation cause-effet et l’importance de créer et de maintenir une « symbiose technologique » entre humains et non-humains pour favoriser la réussite du projet TI. La seconde contribution, d’ordre méthodologique, s’inscrit dans des travaux récents visant à améliorer la cartographie des controverses, et propose une première méthode de visualisation (graphiques) des réseaux socio-techniques et de leur évolution.

Capital social et enjeux de pouvoir : une perspective socio-politique de l’appropriation d’une technologie de réseaux sociaux au sein d’une collectivité territoriale
Myriam Karoui & Aurélie Dudezert

Parmi les outils 2.0 émergents les technologies dites de réseaux sociaux (Social Network Systems- SNS) sont considérées comme des supports permettant le développement d’un capital social facilitant la collaboration et l’innovation dans les organisations. Dans un environnement économique et managérial global où le capital social est de plus en plus considéré comme un pré-requis à l’action collective en organisation, l’introduction de ces technologies de réseaux sociaux peut être également une opportunité pour les acteurs de l’organisation de redistribuer le pouvoir et l’influence entre eux. L’objectif de ce travail est de comprendre comment les enjeux de pouvoir liés au développement du capital social impactent l’appropriation d’une technologie SNS. A travers une Recherche Action menée au sein d’une Mairie et en s’appuyant sur la théorie de la pratique de Bourdieu et la théorie de l’acteur stratégique de Crozier et Friedberg, nous identifions que l’appropriation de la technologie de réseaux sociaux est principalement une appropriation socio-politique en deux phases : une phase d’appropriation de la nouvelle dimension donnée au capital social et une phase d’appropriation de la technologie pour servir les intérêts des acteurs concernant le développement du capital social. Ce travail met également en lumière le rôle que peuvent jouer les systèmes d’information et notamment les outils de réseaux sociaux dans le maintien et le développement des positions sociales des acteurs au sein de l’organisation.

De l’intégration interne du système d’information à l’intégration du système d’information de la chaîne logistique
François de Corbière, Frantz Rowe & François-Charles Wolff

L’objectif de cet article est de vérifier s’il existe une relation entre l’intégration des SI en interne et en externe. L’analyse se base sur la littérature liant intégration interne et externe et notamment sur le schéma proposé par Venkatraman présentant les phases d’évolution de l’entreprise. A partir de l’enquête COI-TIC, des indicateurs synthétiques de l’intégration intrafonctionnelle des SI et de l’intégration des SI de la chaîne logistique sont construits. Leurs facteurs explicatifs sont analysés sur un échantillon de 9721 entreprises. Les résultats montrent sur ce large échantillon que l’intégration intrafonctionnelle vient accroître l’intégration du SI de la supply chain. Parmi les technologies utilisées en interne, les ERP ont la plus grande influence sur l’intégration intrafonctionnelle et constituent le meilleur prédicteur de l’intégration du SI de la chaîne logistique. Les secteurs d’activité offrent néanmoins des écarts importants entre l’intégration intrafonctionnelle et l’intégration externe des SI.

Cas & expériences

Engagement et pratiques des organisations en matière de gouvernance de la sécurité de l’information
Nathalie Dagorn & Nicolas Poussing

Cet article aborde le thème de la gouvernance de la sécurité de l’information. Pour pallier les faiblesses relevées dans la littérature, il explore (i) le processus d’engagement des organisations dans la gouvernance de la sécurité de l’information et (ii) les pratiques des organisations engagées dans la démarche. L’analyse statistique et économétrique de données issues d’une enquête conduite auprès de cent vingt grandes entreprises luxembourgeoises suggère que la connaissance d’organisations engagées dans la gouvernance de la sécurité de l’information ou promouvant cette approche, la performance espérée et l’effort déployé sont des déterminants de l’engagement des organisations dans la démarche. Ces résultats peuvent être rapprochés du modèle unifié d’adoption des technologies (UTAUT) formulé par Venkatesh et al. (2003). Les données des organisations permettent aussi d’établir un état des pratiques actuelles en matière de gouvernance de la sécurité de l’information. L’originalité majeure de cette recherche réside dans le taux de participation très important (85,71%) des organisations à l’enquête menée, conférant aux résultats une forte validité, qui plus est, dans un domaine extrêmement sensible et confidentiel. Sur le plan théorique, la recherche améliore la connaissance du domaine sur les deux questions abordées. En pratique, elle fournit aux managers un retour sur les pratiques actuelles des organisations en matière de gouvernance de la sécurité de l’information et propose quelques recommandations. Ces contributions peuvent également avoir une incidence sur les politiques publiques et organismes promouvant la gouvernance de la sécurité de l’information.

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